Le roux décrocha le cadenas, ouvrit la trappe et se tourna vers Volodia.
— On va te jeter en bas, annonça-t-il.
— C’est un labyrinthe, précisa le châtain clair.
— Il fait noir.
— Il y a une créature.
— Elle trouve ; elle mange.
Alors le roux saisit Volodia par une jambe et le châtain par un bras, et ils le jetèrent dans le trou.
(Volodia, p. 15.)
En février 2022, Vladimir Poutine envahit l’Ukraine dans une offensive de grande ampleur, prouvant ainsi – pour qui pût encore avoir le moindre doute ! – qu’il était un dictateur fasciste et un criminel de guerre.
Cette guerre injuste, inutile, écœurante nous fait réagir. L’écrivain André Ourednik a choisi de canaliser sa frustration dans un court récit publié aux éditions la Baconnière : Volodia.
Volodia, c’est donc Vladimir, tyran déchu dont le sort est désormais débattu par un groupe de scientifiques un peu cinglés – qui me font penser aux étranges et frappadingues professeurs de Monday starts on Saturday, des frères Strougatski. Volodia doit mourir, et son sacrifice prendra diverses formes, horribles et grotesques, car les scientifiques sont là pour « beta tester » différentes variantes, dont l’une sera à la fin plébiscitée par le public, scellant le sort de Volodia.
Texte exutoire, permettant donc à l’auteur de se débarrasser d’un trop-plein alimenté par cette guerre détestable. On retrouve ce qui rend l’écriture d’André Ourednik unique, des éléments disparates de science-fiction, de fantastique, du conte. Des éléments présents dans certains de ses textes précédents, comme les Contes suisses, et Omniscience. Il y a toujours cette intrigante musique stylistique de la langue d’Ourednik, qui n’est la copie de rien.
Le texte me rappelle aussi que, 15 mois après le début de l’invasion, la fin de cette guerre n’est pas en vue, et le dictateur toujours fermement boulonné sur son piédestal.
Volodia, par André Ourednik, La Baconnière, 2023, 80 pages.