Sale temps pour les vaccins. Photo : Mark Schiefelbein/AP
Une question revient souvent concernant la présente administration américaine : quelles seront les conséquences, à court et long termes, de nommer à des postes clés du gouvernement des hommes et des femmes qui n’ont aucune des qualifications requises ? Que se passe-t-il quand le cabinet exécutif comprend des présentateurs télé, des complotistes et des larbins ? Sans parler du court mandat chez DOGE de l’homme le plus riche du monde : trois petits tours, le temps de couper les fonds pour les enfants du Tiers-Monde, et ça repart vers Mars.
Mais celui qui pour moi décroche le pompon, compte tenu de son dicastère, c’est bien Robert F. Kennedy Jr, le ministre de la santé. J’avais publié un billet en 2023 sur le bonhomme, à l’époque où il était candidat aux élections présidentielles américaines. Pour faire court, disons que mentir pour avancer ses chevaux de bataille ne l’effarouche pas.
RFK Jr., on le sait, est un antivax notoire (quand bien même il a nié ce fait durant son audition au sénat pour confirmer sa nomination). À la tête du mouvement MAHA (Make America Healthy Again), il a désormais un pouvoir et une influence démesurée sur la santé publique aux USA. L’équipe de This week in virology a fait son travail en nous pointant dans leur émission les décisions controversées de RFK Jr. Récemment, j’ai aussi découvert le Substack d’Andrea Love, ImmunoLogic, qui a documenté patiemment les dérives du ministre.
La barque est chargée, mais concentrons-nous un moment sur la seule politique vaccinale :
- En février 2025, en pleine épidémie de rougeole aux Etats-Unis, RFK Jr. minimise la situation et déclare que tout est normal. En avril, il incite à la vaccination. Mais le cœur y est-il ?
- En mars 2025, RFK Jr. coupe les financements de programmes d’éradication du SIDA et de dévelopement de vaccins contre le VIH. Apparemment le SIDA n’est plus un problème ?
- En mai 2025, RFK Jr. annule un contrat de financement de la compagnie Moderna, établi pour un montant de 700 millions de dollars, pour le développement d’un vaccin contre la grippe aviaire. Une telle rupture de contrat est-elle-même légale ? Mais il ne faut jamais manquer une occasion de se tirer une balle dans le pied.
- En mai 2025, RFK Jr. annonce que tous les nouveaux vaccins devront passer par des tests placebo. C’est déjà le cas pour tous les vaccins sur le marché, l’annonce ne semble donc avoir pour but que de semer le doute dans la population sur la procédure d’aval des vaccins.
- En juin 2025, prétextant des conflits d’intérêt, RFK Jr. dissout ACIP, un comité de dix-sept membres qui rédige des recommendations sur l’utilisation des vaccins pour contrôler les maladies aux USA. Pour remplacer les membres remerciés, il nomme huit nouveaux membres qu’il a lui-même triés sur le volet. Sans surprise, les nouveaux membres ont des positions alignées sur celles de RFK Jr.
- En juin 2025, RFK Jr. annonce que les Etats-Unis ne participeront plus financièrement à Gavi, un programme international (dont les donateurs incluent la Norvège, l’Allemagne, et la Fondation Gates) visant à acheter des doses de vaccin pour les enfants les plus pauvres de la planète. Le prétexte ? Il y aurait des manquements à la sécurité. Ce que Gavi dément.
- En août 2025, RFK Jr. annule 500 millions de dollars de financement pour la recherche sur le vaccin à ARN messager (comme utilisé pour le vaccin covid). Le prétexte ? Ces vaccins ne seraient pas efficaces, ce qui est manifestement faux. Sans plateforme pour vaccin à ARN messager, on va bien s’amuser lors de la prochaine pandémie…
Voilà. On en est là. Et cette liste n’est pas exhaustive. La plus grande puissance du monde a un charlatan à la tête de sa santé publique.